Le Foudi de Maurice ne veut pas faire Dodo

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Le 25 juillet 2020, le naufrage du bateau vraquier MV Wakashio entrainait une marée noire aux conséquences néfastes pour la biodiversité de l’île Maurice, où des associations de protection de la nature se battent pour préserver les espèces locales afin qu’elles ne subissent pas le même sort que le Dronte de Maurice, mieux connu sous le nom de Dodo, disparu à la fin du XVIIe siècle. 

Foudi de Maurice, Photo Jacques de Speville

Le Foudi (ou Cardinal) de Maurice (Foudia rubia) est un passereau qui vit sur l’île principale de l’Etat insulaire ainsi que sur un îlot appelé « l’île aux Aigrettes », où il a été introduit. Il fréquente les habitats forestiers indigènes ainsi que les plantations adjacentes et se nourrit principalement d’invertébrés, de baies et de nectar. 

Cet oiseau endémique mauricien est aujourd’hui classé en danger d’extinction (EN) sur la liste rouge mondiale de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), qui le plaçait en 2012 parmi les 100 animaux les plus menacés au monde. Ses effectifs ont fortement diminué suite à la perte de son habitat engendrée par quatre siècles de déforestation ainsi que par l’introduction d’espèces végétales exotiques envahissantes telles que le goyavier de Chine (Psidium cattleianum) et la vigne marronne (Rubus alceifolius). En outre, des prédateurs introduits tels que le Rat noir (Rattus rattus) et le Macaque crabier (Macaca fascicularis) s’attaquent à ses œufs et ses poussins. 

Population mondiale : environ 700

Afin de tenter de sauver le Foudi de Maurice, la Mauritian Wildlife Foundation (MWF) a mis en œuvre un programme de reproduction en captivité qui a permis de relâcher 45 poussins sur l’île aux Aigrettes entre 2003 et 2006. Des actions de conservation et de restauration de son habitat et de contrôle de ses prédateurs ont également été menées. En 2020, 365 individus ont été recensés sur l’îlot tandis que la population de l’île principale est estimée entre 300 et 350. 

Le naufrage du MV Wakashio a entrainé le déversement d’environ 1000 tonnes d’hydrocarbures et engendré une pollution importante au niveau de la barrière de corail, des mangroves et des îles du lagon au sud-est de Maurice, dont l’île aux Aigrettes. A l’époque, la LPO avait été en contact avec MWF et PAWS Mauritius (Protection of Animals Welfare Society) afin de partager son expérience en termes de secours aux animaux victimes de marée noire. Très rapidement, ces acteurs locaux ont posé des barrages flottants et des tampons absorbants afin de limiter les impacts de la catastrophe. 

Cette pollution a aussi menacé les foudis de l’île aux Aigrettes, intoxiqués par les vapeurs de fioul inhalées ou ingérées avec leur alimentation. Six d’entre eux ont du être évacués par la MWF ainsi que 12 Zostérops de Maurice (Zosterops chloronothos), une autre espèce endémique appelée communément Oiseau à lunettes et également considérée comme étant en danger critique d’extinction par l’UICN. Ces oiseaux ont été transportés au centre d’élevage en captivité de Rivière Noire jusqu'à ce que leur santé s'améliore. Sur les 6 Foudis de Maurice, cinq ont été ramenés sur l’îlot le 15 septembre 2020. Un seul n’a pas survécu.