Apparu aux États-Unis au milieu des années 1980, l’irruption du terme « biodiversité » dans le débat public remonte au Sommet de la Terre organisé à Rio en 1992, qui officialisa également la notion de développement durable. Trente ans plus tard, force est de constater que son emploi a nettement progressé.
Ainsi, selon une étude IFOP commandée par la LPO, l’ASPAS, France Nature Environnement et la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité et réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 1003 personnes, les termes « nature » et « biodiversité » arrivent désormais à égalité pour parler de la protection des espaces et des espèces animales et végétales, avec respectivement 49 et 51%.
Analyse sémantique
Les deux mots ne signifient pourtant pas exactement la même chose. La définition de la notion « nature » demeure relativement vague et sujette à diverses interprétations depuis plusieurs siècles. Elle décrit globalement l’ensemble du monde physico-chimique et des principes qui l’anime, dont la « biodiversité » désigne alors la fraction vivante. Le climat, par exemple, fait partie de la nature, mais pas de la biodiversité, tout en ayant un impact majeur sur cette dernière. Les expressions « protection de la nature » et « sauvegarde de la biodiversité » demeurent toutefois souvent utilisées indifféremment pour parler de l’ensemble des actions mises en œuvre contre le risque d’extinction de masse des espèces sauvages.
Analyse sociologique
S’il n’y a pas de différence marquée entre homme et femme, les jeunes privilégient aujourd’hui le terme de biodiversité : (59% chez les 18-24 ans contre 42% des plus de 65 ans).
Les catégories professionnelles supérieures et professions intermédiaires (56 et 59%) le préfèrent également au mot « nature », qui est en revanche plus utilisé par les catégories populaires (55% et jusqu’à 59% chez les ouvriers). Cette différence se retrouve logiquement pour le niveau d’éducation : les diplômés supérieurs choisissent « biodiversité » à 64%, le 1er cycle 57%, le niveau bac 54%, et CAP/BEP 42%. De même, les urbains privilégient « biodiversité » (60%) et les ruraux, « nature » (54% dans les communes de moins de 10.000 habitants).
Analyse politique
Le terme « biodiversité » est plus utilisé par les sympathisants des formations politiques très orientées vers l’écologie, telles que EELV (71%) et la France Insoumise (67%). La tendance s’inverse avec l’électorat de la droite radicale et nationaliste. Ainsi les partisans du Rassemblement national préfèrent à 70% le terme « nature ».
Après plus de 30 ans, le terme de biodiversité n’a pas remplacé celui de nature. L’histoire de la protection de la nature donne sens à nos combats actuels. Si les deux notions font jeu égal, chacune a son propre public. Le terme de « Biodiversité » est plus adapté aux publics déjà sensibilisés aux problématiques écologiques tandis que « Nature » parle à des publics plus éloignés. Il nous revient d’utiliser à bon escient ces deux concepts désormais complémentaires