La LPO dénonce le projet d’arrêté du Préfet de l’Aveyron visant à autoriser sur 102 communes du département, soit 43% de sa surface totale, l’effarouchement au fusil des vautours fauves, une espèce intégralement protégée en France. Ces majestueux rapaces nécrophages sont essentiels à l’équilibre des écosystèmes et les mettre en péril est en contradiction totale avec les engagements de la France en matière de protection de la biodiversité.
Une minorité d’éleveurs de bovins accuse les vautours de s’en prendre à leur bétail, alors que sur la dizaine d’interactions avec des animaux d’élevage encore vivants signalées chaque année en France, les enquêtes démontrent dans la quasi-totalité des cas qu’elles concernaient des bêtes malades ou en détresse, qui sans le recours d’un vétérinaire étaient condamnées. Ce comportement opportuniste, qui a vraisemblablement toujours existé chez les vautours, ne peut être assimilé à une stratégie de prédation.
Les tirs d’effarouchement proposés par cet arrêté entre les 1er mars et les 15 novembre 2025 et 2026 ne résoudront en rien les problèmes soulevés par certains éleveurs. Ils pourront en revanche entraîner des perturbations graves dans les colonies de vautours en pleine période de reproduction et fragiliser les efforts de conservation menés depuis des décennies. C’est une réponse disproportionnée et contre-productive face à une problématique qui nécessite davantage de dialogue et de mesures de cohabitation respectueuses des équilibres naturels.
Après des siècles de persécution qui avaient presque entrainé leur disparition, les vautours fauves se reproduisent à nouveau sur notre territoire, avec environ 3000 couples nicheurs. Leur population reste aujourd’hui fragile et menacée par les activités humaines (électrocution, éoliennes, empoisonnement, braconnage, dérangement, etc.). Plus du tiers des jeunes ne survivent pas à leur première année.
Les vautours jouent un rôle primordial d’équarrisseurs naturels, en limitant la propagation des maladies véhiculées par les cadavres qu’ils consomment. De nombreux éleveurs font d’ailleurs appel à ce service gratuit et écologique pour éliminer les carcasses de leurs animaux morts, une collaboration historique désormais encadrée par l’Etat dans le cadre du Plan national d’actions « Vautour fauve et activités d’élevage » 2017-2026, auquel participe la LPO. Les économies ainsi réalisées sont évaluées à plus de 1,5 millions d’euros par an.