L’évaluation du statut de conservation des espèces repose sur plusieurs indicateurs comme les tendances démographiques, l’étendue de l’aire de répartition ou encore les effectifs nicheurs. Depuis plusieurs années, la LPO anime plusieurs programmes de sciences participatives avec l’objectif de mesurer l’état de santé des populations d’oiseaux en France métropolitaine : le Suivi temporel des oiseaux communs (STOC), l'Observatoire rapaces ou encore le comptage Wetlands des oiseaux d’eau hivernants sur notre territoire.
En 2017, en collaboration avec le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), la LPO a mis en place un nouveau programme visant à évaluer les effectifs nicheurs des espèces d’oiseaux les plus communes : l’Estimation des populations d’oiseaux communs (EPOC). Ce dispositif repose exclusivement sur la participation de nombreux volontaires répartis sur tout le territoire. Les dizaines de milliers d’observations effectuées offrent une opportunité unique de produire des estimations rigoureuses pour des espèces dont la large répartition et l’abondance ne permettaient pas jusque-là d’obtenir des effectifs nicheurs nationaux avec les techniques de suivi traditionnelles. C’est désormais chose faite avec le travail remarquable de l’équipe du Service connaissance de la LPO France dans le cadre d’une thèse CIFRE avec la collaboration du MNHN, de l’OFB et de l’INRAE.
D’après les premiers résultats de cette étude, le podium des espèces les plus abondantes en France est constitué par la Fauvette à tête noire (entre 8,5 et 10,5 millions de couples), le Rougegorge familier (entre 7,7 et 9,4 millions de couples) et le Pinson des arbres (entre 7,2 et 8,8 millions de couples). Si la population de ce dernier est considérée comme stable, la Fauvette à tête noire et le Rougegorge familier montrent une tendance à l’augmentation d’après les résultats du dispositif STOC (Suivi temporel des oiseaux communs).
Pour d’autres espèces, ces résultats viennent en revanche confirmer les déclins constatés depuis maintenant deux décennies. Le Verdier d’Europe a ainsi perdu près de 60% de ses effectifs entre 2001 et 2023, passant sous la barre du million de couples. Idem pour le Bruant jaune, jadis commun dans les campagnes françaises. Sa population nationale est aujourd’hui comprise entre 370 000 et 700 000 couples, soit une diminution de près de 78% en 22 ans. La Tourterelle des bois, autre espèce en mauvais état de conservation, a vu chuter de 60% depuis 2001 sa population nicheuse, estimée entre 265 000 et 450 000 couples, justifiant pleinement le moratoire récemment renouvelé sur sa chasse.
Bien que les causes de tels effondrements démographiques soient déjà connues pour la plupart des espèces, notamment en milieu agricole, ce type de suivis demeure fondamental afin que les associations naturalistes comme la LPO puissent documenter l’évolution des populations et émettre des recommandations précises pour une meilleure préservation de la biodiversité par les activités humaines.
Consultez l’étude dans son ensemble (en Anglais) :
Nabias J, Barbaro L, Fontaine B, Dupuy J, Couzi L, Vallé C, Lorrilliere R (2024). Reassessment of French breeding bird population sizes using citizen science and accounting for species detectability. PeerJ, 12, e17889.