Le loup est une espèce strictement protégée et doit le rester selon les preuves scientifiques. Eradiqués du territoire français en 1937 en raison de la persécution, de la chasse et de la destruction de leur habitat, les loups ont fait un retour remarquable dans nos écosystèmes grâce à la protection juridique accordée par les lois internationales et européennes, ainsi qu’aux efforts des autorités environnementales, des agriculteurs, des scientifiques, des ONG et des communautés locales. Cependant, leurs populations sont encore loin d'avoir atteint un état de conservation satisfaisant dans l’Hexagone ni dans l’Union Européenne. La dernière évaluation de l’UICN montre que six des neuf populations transfrontalières de loups dans l’UE sont vulnérables ou quasi menacées. Réduire maintenant leur statut de protection, qui passerait de “strictement protégé” à “protégé” selon la proposition de la Commission, mettrait l'espèce en danger et compromettrait l'obligation légale de l'UE de maintenir des populations de loups stables et viables.
Aucune base scientifique ne justifie une modification des législations existantes à l'échelle de l'UE. La restauration des populations de loups est toujours en cours et les objectifs principaux de la Convention de Berne (1979) et de la Directive Habitats (1992) n'ont pas encore été atteints. Il n'existe aucune preuve scientifique que l'abattage des prédateurs réduise effectivement leurs attaques sur les animaux d'élevage. A l’inverse, cela pourrait être contre-productif et augmenter les dégâts en perturbant la structure sociale des meutes.
La proposition de la Commission mettrait en péril les efforts actuellement menés pour améliorer la coexistence entre les communautés locales et les populations de loups. Depuis une décennie, l'UE et ses États membres ont en effet investi du temps et des ressources pour renforcer cette coexistence, notamment à travers des plateformes régionales et des projets financés par le programme LIFE.
Nous reconnaissons les défis liés au retour des loups dans certaines régions de l’UE, en particulier les impacts potentiels sur le bétail. Il est donc essentiel de rendre les mesures de prévention existantes (clôtures, chiens de garde, surveillance humaine) plus accessibles et d’aider les éleveurs à mettre en place les outils adéquats. Abandonner cette approche au profit d'une réduction de la protection des loups reviendrait à ignorer les efforts de ceux qui protègent avec succès leurs troupeaux depuis des années.
Il est crucial de comprendre que les enjeux liés à la protection du loup en Europe dépasse cette seule espèce ; il s'agit de préserver la biodiversité et d’encourager une cohabitation équilibrée avec la faune sauvage. Les loups jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement des écosystèmes naturels. Leur retour dans des régions d’où ils avaient disparu est un succès important pour la conservation de la naature. Dans le contexte actuel d’effondrement généralisé de la biodiversité, il est inconcevable de mettre en péril ces progrès.
Des enquêtes récentes montrent que le soutien du public à la protection stricte des loups est fort, même au sein des communautés rurales les plus affectées par leur présence. Les loups font partie intégrante de notre patrimoine naturel commun.
Plutôt que de réduire la protection des loups, l'UE devrait :
- Maintenir et renforcer les efforts pour promouvoir la coexistence entre les loups et les communautés locales, en insistant sur les mesures de prévention et les systèmes de compensation.
- Garantir l’application rigoureuse de la législation européenne, notamment la Directive Habitats, dans tous les États membres et éradiquer la chasse illégale des loups.
- Soutenir les initiatives visant à sensibiliser les citoyens et à diffuser des informations scientifiques sur les loups et leur rôle dans l’écosystème.
- Respecter le processus scientifique prévu par la législation européenne sur la conservation de la nature. Toute discussion sur le statut de protection des loups doit se baser sur des rapports scientifiques et non sur des pressions politiques.
Réduire la protection légale des loups irait à l’encontre des efforts de cohabitation, du soutien public et des preuves scientifiques. Cela créerait un précédent dangereux pour d'autres espèces, telles que l’ours ou le lynx, et compromettrait des années de travail de conservation à travers l’Europe.
Lire la déclaration originale (en Anglais) avec la liste des organisations signataires
En France, 5 associations (LPO, l’ASPAS, FERUS, FNE, Humanité & Biodiversité) ont saisi, le 15 août 2024, le Conseil d’État d’un recours contre le gouvernement français pour excès de pouvoir concernant le renforcement de la régulation des loups.
Nous invitons également les citoyens à soutenir la présence du loup en signant massivement deux pétitions, la première pour la France et la seconde à l’échelle européenne.