Inquiétudes pour la biodiversité de l’Île d’Amsterdam

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Un incendie ravage ce territoire français du sud de l’Océan Indien, avec des conséquences potentiellement dramatiques sur sa faune et flore sauvages exceptionnelles.

La base Martin-de-Viviès en 2008 © Yann Libessart

La LPO exprime son soulagement qu'aucune victime humaine ne soit à déplorer suite à l'incendie qui s’est déclenché le 15 janvier 2025 sur l'Île d’Amsterdam dans les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Celui-ci s’est rapidement propagé sous l’effet du vent aux bâtiments de la base scientifique Martin-de-Viviès, conduisant à l'évacuation des 31 personnels présents par un navire de pêche.

La LPO partage le désarroi de la communauté scientifique face à la destruction d’équipements essentiels dans l’étude et la préservation de ce sanctuaire de biodiversité, classé réserve naturelle nationale depuis 2006 et inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2019.

Située à plus de 3000 kilomètres de tout continent, Amsterdam est considérée comme l’un des territoires les plus isolés de la planète et sert à ce titre de référence internationale depuis 1981 pour mesurer la concentration du dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère terrestre.

Possession française depuis 1892, ce confetti volcanique de 58 km2 abrite aussi des écosystèmes uniques, dont un arbre indigène : le Phylica arborea. Presque éradiqué par les activités humaines (incendies, bois de coupe, introduction de bovins), l’espèce bénéficie depuis 2010 d’un programme de restauration qui risque aujourd’hui d’être réduit en cendres.

L’îlot héberge également un oiseau endémique auquel il a donné le nom : l'Albatros d'Amsterdam. L’un des plus grands oiseaux marins au monde est aussi l’un des plus menacés, avec des effectifs totaux estimés à moins de 50 couples reproducteurs, tous regroupés au sommet de quelques falaises sous la haute surveillance des ornithologues missionnés qui se relaient sur place. Les conséquences potentielles des flammes sur leur population restent à évaluer. D'autres espèces rarissimes présentes sur Amsterdam sont également susceptibles d’être affectées, comme l’Otarie à fourrure subantarctique ou le Gorfou sauteur de Moseley.

Au nom de la LPO, dont de nombreux salariés ont auparavant travaillé dans les TAAF, j’adresse nos pensées et notre solidarité aux équipes mobilisées pour la sauvegarde de cet inestimable trésor du patrimoine naturel mondial. Nous attendons de connaitre le bilan de l’impact de l’incendie avec appréhension

Allain Bougrain Dubourg

Président de la LPO