Le pétrole du Tanio tue toujours 45 ans après le naufrage

Actualité

En 1980, le pétrolier malgache se cassait en deux au nord du Finistère, avec 26000 tonnes de fioul lourd à son bord. Près d’un demi-siècle plus tard, les fuites d’hydrocarbures continuent d’affecter la biodiversité marine.

Le vendredi 7 mars 1980, vers 6 h 30 du matin, le Tanio sombre à 50 kilomètres au large de l'île de Batz (Finistère) à la suite d'une avarie pendant une forte tempête. L'avant du navire coule, entrainant 8 marins vers les abîmes. Le reste de l'équipage est hélitreuillé et sauvé dans des conditions extrêmes tandis que l’arrière du bateau est remorqué jusqu’au Havre.

Une partie du fioul lourd (12 500 tonnes) se déverse et souille 200 km de littoral, dont la célèbre côte de granit rose et Réserve naturelle nationale des Sept-Iles, gérée par la LPO. Cette marée noire, 2 ans à peine après celle de l’Amoco Cadiz, provoque une hécatombe dans la faune marine. Près de 4 500 oiseaux mazoutés sont ainsi recueillis dans des centres de soins mis en place dans l’urgence. Il est estimé qu’environ 40000 oiseaux marins périssent à la suite de la catastrophe, essentiellement des guillemots de Troïl, des macareux moines et des pingouins tordas, tous protégés.

Le reste du fioul toujours présent dans l’épave à plus de 80 mètres de fond sera pompé pendant près d’un an pour tenter de vider les cuves, avec une réussite partielle.

Depuis 2019, des prélèvements effectués sur une partie des oiseaux marins arrivant mazoutés au centre de soins de la Station LPO de l’Ile Grande (Côtes d’Armor) sont en effet analysés en laboratoire. Or la plupart des hydrocarbures analysés,  montre « une grande similarité » avec le pétrole du Tanio, signifiant que du fioul continue de s’échapper de l’épave. Aux 352  oiseaux mazoutés vivants pris en charge à l’Ile Grande depuis 2019, s'ajoute un nombre non négligeable de cadavres d'oiseaux mazoutés découverts sur le littoral breton, principalement dans le Finistère et les Côtes d'Armor.

Trois interventions sous-marines ont été depuis réalisées sur l’épave par les autorités, pour tenter de colmater les fuites à l’aide de plaques obturatrices. La dernière date du 17 juillet 2024. En octobre dernier, soit quelques semaines plus tard, de nouveaux oiseaux étaient toutefois retrouvés souillés par des rejets d’hydrocarbures provenant du Tanio.

La LPO a réitéré auprès des autorités sa demande d’une résolution définitive du problème, afin d’éliminer cette menace récurrente qui pèse sur un patrimoine naturel inestimable déjà fragilisé.

Pour aller plus loin

L’historique de nos interventions  

Vidéo Pourquoi les oiseaux sont mazoutés ?

J’ai trouvé un oiseau marin échoué, que faire ?