Les États membres échouent à rendre l'agriculture européenne plus durable

Actualité

Un nouveau rapport publié par BirdLife Europe et NABU (BirdLife Allemagne) révèle que les écorégimes, censés être une avancée majeure pour la transition agro-écologique dans le cadre de la dernière Politique Agricole Commune (PAC 2023-2027) de l'UE, sont loin d'exploiter leur plein potentiel.

Les écorégimes ont été introduits pour encourager les agriculteurs à adopter des pratiques plus durables bénéfiques pour l'environnement, telles que l'amélioration de la biodiversité et de la santé des sols. Selon la Commission européenne, 70 % des terres agricoles de l'UE sont désormais couvertes par des écorégimes. Cependant, l’analyse menée en 2023 dans 12 pays de l'UE montre que, au lieu de privilégier des mesures bénéfiques pour l'environnement, de nombreux États membres optent pour les options les plus simples, nécessitant des changements minimes sur le terrain mais leur permettant de cocher la case de la durabilité. Pendant ce temps, les écorégimes qui pourraient faire une réelle différence sont souvent sous-financés ou peu attractifs pour les agriculteurs.

Le rapport (en anglais) aborde également les simplifications de la PAC de 2024, qui ont été adoptées à la hâte en réponse aux protestations des agriculteurs et ont encore compliqué la mise en œuvre des écorégimes, sapant leur potentiel.

Principales conclusions du rapport :

  • En moyenne, les écorégimes ont atteint leurs objectifs de superficie planifiés, mais la participation des agriculteurs a varié considérablement selon les États membres et les mesures. Il y a eu une forte adoption des écorégimes avec une valeur ajoutée limitée, tels que les programmes de gestion des nutriments, contrairement à une faible adoption des mesures axées sur la biodiversité dans de nombreux pays.
  • Les défis administratifs, une promotion inadéquate et des taux de paiement peu attractifs ont limité la participation des agriculteurs aux programmes ciblant la biodiversité, en particulier dans les petites exploitations confrontées à des difficultés administratives plus importantes.
  • Les défauts de conception dans certains programmes ont encouragé le statu quo des pratiques actuelles avec un bénéfice environnemental limité. Les approches innovantes, telles que les bandes tampons introduites à l'échelle de l'exploitation en Slovaquie et les initiatives de rétention d'eau en Pologne, sont prometteuses. Dans le cas de ces dernières, comme pour de nombreux autres programmes de biodiversité, des paiements plus attractifs et un meilleur ciblage sont nécessaires.
  • Les pays avec des régimes adaptés régionalement, des paiements plus élevés et des menus flexibles (comme en Espagne et aux Pays-Bas) ont connu une plus grande participation, bien que ceux-ci privilégient souvent des mesures moins ambitieuses.
  • Les ajustements apportés aux plans nationaux de la PAC suite à la simplification de 2024 ont souvent conduit à une dilution des ambitions environnementales, plusieurs pays réduisant les zones dédiées à la nature ou ne remplissant les obligations que de manière formelle.
  • Le manque de suivi systématique et ciblé des programmes écologiques entrave la capacité à évaluer leur efficacité dans la réalisation des objectifs de biodiversité et à identifier les domaines à améliorer.
Si nous voulons sérieusement assurer une sécurité alimentaire à long terme, les écorégimes doivent accomplir ce pour quoi ils ont été conçus – pas simplement fournir aux agriculteurs un revenu supplémentaire labellisé vert. Il est encore temps de les corriger dans le cadre de la PAC actuelle, mais la prochaine PAC devra aller beaucoup plus loin pour faire de la préservation de l'environnement une partie intégrante de l'agriculture.

Tatiana Nemcova

BirdLife Europe