Rare sur l’ensemble du territoire, on ne trouve cet iris que dans deux grandes régions. D’abord sur le littoral méditerranéen où il remonte un peu vers le nord par la vallée du Rhône. Et ensuite, en Centre-Ouest, en Charente-Maritime et en Vendée. Dans ces deux départements, on ne le trouve que sur les prairies humides dites subsaumâtres, c’est-à-dire avec des restes de sel dans le sol, vestiges de l’époque où la mer recouvrait le marais. Et si son cousin l’Iris faux-acore aux fleurs jaunes pousse sur le bord des fossés, lui ne croît que sur les parties les plus hautes, les plus sèches des prairies, appelées localement « belles ». Pour compliquer le tout, il n’apprécie que les parcelles pâturées et disparaît très vite si celles-ci sont fauchées ou amendées. Avec la disparition de ces prairies naturelles, il est donc en très forte régression. A ce titre, il est inscrit sur la liste rouge de la flore des Pays de la Loire et protégé au niveau régional.
Depuis 1976, la réserve naturelle protège heureusement ce bijou car, aux dires des botanistes, elle abrite la plus importante station française de l’espèce ! En mai, ce sont des milliers de pieds qui colorent de bleu des parties entières de la réserve. Mais pour profiter de leur beauté, il faut viser juste car la floraison est plutôt brève. En effet, les pieds fleurissent presque tous en même temps et s’étiolent tout aussi vite qu’ils sont apparus. Une fois les fleurs fanées, il ne restera que les gousses porteuses des graines. Nettement moins remarquable, la plante fera pourtant le régal d’un petit insecte, le bien-nommé Charançon des iris (Mononychus punctumalbum). Et pour cause puisque la larve de ce coléoptère au long « nez » ne se développe qu’en consommant les graines de différents iris !