La migration nocturne dans les Pyrénées
La migration nocturne dans les Pyrénées
Comprendre la migration nocturne dans les Pyrénées : suivis acoustiques à large échelle, validation d’une méthode standardisée et développement de processus d’analyse automatique.
La chaîne pyrénéenne est l’une des barrières géographiques majeures pour les oiseaux qui traversent la France métropolitaine, ce qui en fait un fabuleux laboratoire pour l’étude de la migration. Depuis plus de 40 ans, plusieurs associations, dont la LPO, opèrent des suivis diurnes permettant de décrire le passage de nombreuses espèces, des rapaces aux cigognes en passant par les pigeons. Toutefois, ce n’est que très récemment qu’une attention conséquente a été portée aux migrateurs nocturnes. Après des campagnes de tests plus modestes en 2019 et 2020, l’équipe de Vol de Nuit a déployé durant les automnes 2021 et 2022 des capteurs acoustiques passifs sur une trentaine de sites allant de la Méditerranée à l’Atlantique. Les objectifs de cette phase sont multiples :
- Comprendre la répartition et la phénologie de la migration dans le sud-ouest de la France, ainsi que l’influence du relief et des conditions météorologiques sur le passage.
- Evaluer le potentiel des suivis acoustiques dans le cadre de la conservation. Quelles espèces peut-on suivre de manière régulière ? Dans quelle mesure ces données peuvent-elles aider à redéfinir la phénologie du passage et mesurer son évolution dans le temps, en lien avec les changements globaux ? Peut-on s’en servir pour mesurer l’impact de certaines activités anthropiques comme la pollution lumineuse ?
- Développer une méthodologie fiable et standardisée pour des suivis coordonnés à très large échelle, applicable par la communauté ornithologique et scientifique. Comment choisir le nombre et la localisation des sites de suivi ? Comment analyser les données ? Dans quelle mesure les données acoustiques reflètent-elle le flux de migrateurs réel ? Quels sont les biais et les limites de la méthode ?
- Développer des processus permettant d’analyser automatiquement les données acoustiques (détection puis identification), en collaboration avec l’équipe VigieNature du MNHN.
L’analyse des quelques 32 000 heures d’enregistrements est toujours en cours, mais les résultats préliminaires montrent déjà sans le moindre doute que les Pyrénées voient passer des flux nocturnes localement très intenses. Les premiers résultats ont permis d’identifier près de 90 espèces de migrateurs (plus d’un quart de toutes les espèces migrant en France !), et de détecter au passage des nicheurs peu communs (Nyctale de Tengmalm, Grand-Duc d’Europe, Lagopède alpin). Parmi ces migrateurs, il y a des confirmations, tels les flux massifs de grives musiciennes et mauvis en octobre, la captation de plusieurs centaines de Bruants ortolans chaque automne ou encore la détection régulière du Guignard d’Eurasie sur de nombreux sites. Et puis, il y a des surprises : des sternes caugeks loin à l’intérieur des terres, des bécasseaux cocorli plus réguliers que prévus, un groupe de guifettes moustacs au col d’Artigascou, un Bruant nain au col de la Pierre Saint-Martin, et même un très probable Labbe à longue queue au Soulor ! La méthodologie utilisée est désormais solidement testée et sert de socle au protocole du volet sciences participatives. Enfin, une étude en cours comparant données acoustiques et radar en collaboration avec Vogelwarte est en passe de démontrer que les suivis acoustiques reflètent bien les flux migratoires lorsque l’on tient compte de la météorologie.
Premiers résultats : cliquez-ici.
Le projet « Vol de Nuit Pyrénées » est soutenu par le Ministère de la Transition écologique, l'Office français de la biodiversité (OFB) et la région Nouvelle-Aquitaine.
Quelques exemples d'enregistrements :
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