Agriculture et biodiversité

Comprendre les enjeux pour mieux agir

Le constat est sans appel : la biodiversité s’effondre à une vitesse sans précédent dans les milieux agricoles.

En France comme en Europe, les populations d’oiseaux, considérées comme de très bons indicateurs de l’état de la biodiversité, chutent drastiquement. En France ce sont près de 30% d’oiseaux en moins dans les villes et les campagnes françaises (étude MNHN). En Europe, une étude du CNRS menée sur 40 ans, dans 28 pays et sur 170 espèces d’oiseaux, confirme cet effondrement sans précédent. Ce sont ainsi plus de 800 millions d’oiseaux (20 millions / an) qui ont disparu de nos plaines, de nos bocages… Un triste record ! « Le nombre d’oiseaux a décliné de 25% en 40 ans sur le continent européen, voire de près de 60% pour les espèces des milieux agricoles. »

Dans cette étude, plusieurs pressions sur les populations d’oiseaux ont été étudiées. L’utilisation massive de pesticides et d'engrais chimiques en agriculture intensive a la plus grande part de responsabilité dans ce déclin.

De la même manière, en 30 ans, 80% des insectes ont disparu ! La disparition des oiseaux et des insectes n’est que la partie émergée de l’iceberg. Des dégradations de l’environnement plus profondes s’opèrent et c’est toute la chaine trophique qui se porte mal aujourd’hui.

Les causes de ce déclin catastrophique sont connues et certains modèles agricoles les cumulent : destruction des habitats naturels (haies, prairies permanentes, zones humides, bosquets…), spécialisation de l’agriculture, pollutions chimiques du sol, de l’air et de l’eau par l’utilisation importante de pesticides et d’engrais chimiques de synthèse, d’antibiotiques et d’antiparasitaires …

Autant de pratiques qui sont encouragées par la Politique Agricole Commune, créée en 1962, qui représente 9 milliards d’euros par an. Aujourd’hui, cette politique soutient majoritairement des systèmes agricoles très intensifs, privilégiant l’agrandissement et la productivité, à travers un système d’aides financières basé sur le nombre d’hectares détenus par les agriculteurs.

Nombreux sont les agriculteurs qui se sentent pris au piège, et victimes d’un système agricole et alimentaire qui ne leur convient pas, et qui compromet la capacité des générations futures à pouvoir continuer une activité agricole. Les réformes successives de la PAC n’ont jusqu’à présent jamais été en mesure de ralentir l’érosion de la biodiversité dans les fermes, car les aides financières qui encouragent les pratiques néfastes pour la biodiversité restent bien majoritaires face à celles qui sont pensées pour en réduire les “dégâts”.

La prochaine PAC, en cours de réforme, semble une fois de plus prendre la mauvaise direction, ne permettant pas à l’agriculture de demain de relever les enjeux liés à l’effondrement de la biodiversité, à la dégradation des ressources naturelles, ou encore au changement climatique.

Parce que l’agriculture intensive est reconnue comme étant le premier facteur de perte de biodiversité au monde et en Europe, la LPO l’a bien compris : il est urgent d’agir !

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dernière mise à jour : 18 novembre 2024