Enjeux

La population mondiale ne cesse d'augmenter et de se regrouper dans les villes. En 2020, 4,3 milliards d’humains vivaient en zone urbaine, soit plus de 50% des habitants de la planète (source : La Banque mondiale). Les prévisions estiment qu’ils seront 6,3 milliards en 2050, représentant deux-tiers de l'humanité.  

A l’échelle de la France, 80% des Français vivent en milieu urbain en 2020 (source : La Banque mondiale). Au cours des quarante dernières années, la population française s’est concentrée dans les villes, dont certaines ont décuplé, alors que les campagnes se sont vidées. Cependant, cette croissance effrénée des zones urbaines (entre 20 000 et 30 000 hectares sont artificialisés chaque année selon le rapport France Stratégie de 2019 sur l’Objectif ZAN) est quatre fois supérieure à la croissance de la population ! L’exemple Rhône-alpin étant frappant : entre 1975 et 2000, l’espace urbanisé a augmenté de 88% quand la population de la région croissait de 18% seulement. 

L’artificialisation et la fragmentation des habitats 

Entre 20 000 et 30 000 hectares d'espaces naturels et agricoles disparaissent chaque année du fait de l'artificialisation des sols dans le cadre de la croissance des zones urbaines. Ces villes sont, de plus, souvent peu végétalisées, pourvue de pelouses très entretenues et sont peu accueillantes pour la faune et la flore spontanée. Les tissus urbains sont ainsi à l’origine de la fragmentation des habitats et constituent des obstacles limitant la capacité des individus à se déplacer. Or cela est nécessaire afin que les espèces puissent réaliser leur cycle de vie. Elles doivent pouvoir trouver des zones de repos, d’alimentation et de reproduction. Les déplacements permettent également le brassage génétique entre populations d’une même espèce, favorisant ainsi son maintien durable. Par ailleurs, la pollution lumineuse issue des villes modifie ou empêche également les déplacements des espèces nocturnes et lucifuges. 

Consultez la fiche médiation sur la pollution lumineuse.

Cette logique d’extension des zones urbaines est encore trop souvent privilégiée au détriment de la rénovation et/ou de la réhabilitation du bâti existant ainsi que de la reconversion des friches urbaines. Pourtant, ce sont des solutions permettant de créer nos habitats tout en préservant les espaces naturels, agricoles et forestiers. 

Espèces du bâti, rénovation et constructions nouvelles 

La réhabilitation et la rénovation des bâtiments existants peuvent toutefois avoir un impact, notamment sur les espèces anthropophiles qui nichent dans les cavités et anfractuosités des constructions humaines (comme les moineaux ou les martinets). Le fait que ces espèces protégées nichent dans le bâti n’est souvent pas pris en compte lors de ravalements de façades ou bien de travaux d’isolation par l’extérieur. Les cavités sont alors obstruées, rendant ces espèces sans domicile... Des solutions existent, mais sont insuffisamment appliquées, comme la pose de nichoirs artificiels intégrés directement dans ou bien sur le bâtiment.  

Les nouvelles constructions lisses (sans anfractuosités, sans rugosité) ne sont pas favorables à l’installation des espèces du bâti. Pour exemple, l’Hirondelle de fenêtre a besoin d’une façade rugueuse pour fixer son nid, ce qu’elle ne peut faire sur un crépi lissé. De plus, la faune urbaine est confrontée à plusieurs dangers. Toutes les espèces d’oiseaux des milieux bâtis peuvent être impactées par l’utilisation de plus en plus massive du verre et de baies vitrées dans les constructions, subissant des chocs parfois mortels contre ces éléments vitrés.

Consultez la fiche médiation sur les chocs contre les vitres destinée au particulier et la fiche destinée aux professionnels.

Les constructions humaines sont également à l’origine de cavités dangereuses pour la faune, comme les poteaux creux, les cheminées,…

Consultez la fiche médiation sur les cavités pièges.

Selon le résultat du Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC), les oiseaux spécialistes des milieux bâtis ont subi un déclin de -27,6% en abondance en 30 ans en France entre 1989 et 2019. Le Martinet noir, espèce insectivore, a vu sa population baisser de 40%. 

La biodiversité et les services rendus à l’être humain 

La biodiversité s’entend comme la diversité naturelle des organismes vivants et de leurs interactions. Préserver et restaurer la biodiversité signifie agir pour la diversité des écosystèmes, des espèces et des gènes.  

Les écosystèmes sont à l’origine de services dits écosystémiques. Ils correspondent aux bénéfices que les êtres-humains tirent de la nature. En milieu urbain, ces services prennent diverses formes : 

Services écosystémiques 

Besoins humains 

Services support de vie : recyclage du carbone et des nutriments 

- Physiologiques (nourriture) 

- Sécurité 

- Santés physique et mentale 

Approvisionnement : production de nourriture 

Régulation du climat et du cycle de l’eau (ex : rafraichissement local de l’air, régulation des inondations), contrôle biologique (ex : prédation des insectes) 

Culturel : émotions, esthétiques et loisirs 

 

En accueillant peu de nature en ville et face à l’érosion de la biodiversité, nous nous privons de ces services écosystémiques : 

  • Les bâtiments et infrastructures sont construits en matériaux qui absorbent le rayonnement solaire, s’échauffent et émettent des infrarouges thermiques. Dans l’hypercentre des villes, la température peut ainsi être plus élevée de 2 à 4°C par rapport à la périphérie rurale. C’est l’effet d’îlot de chaleur urbain. La présence de végétation et de plans d’eau permet de rafraîchir l’air localement. 
  • Les sols en milieu urbain sont fortement imperméabilisés par l'asphalte et le béton ce qui perturbe la pénétration des eaux de pluie dans les sols. Les eaux pluviales ruissellent alors et parviennent en partie jusqu’aux réseaux de collecte parfois sous-dimensionnés, ce qui génère des inondations. Par ailleurs, ces eaux peuvent se charger en polluants en ruisselant et contaminer les milieux naturels dans lesquels elles se déversent. La gestion et l’infiltration de l’eau directement sur la parcelle lorsque cela est possible permet de régler ces problèmes. 
  • Au sein des villes minérales, l’accès aux espaces de nature est restreint alors qu’ils sont sources de bien-être. 

Le programme Nature en ville de la LPO 

Le programme Nature en ville de la LPO a pour objectif d’améliorer la prise en compte de la biodiversité dans l’aménagement du territoire en accompagnant nos partenaires dans leurs projets urbains. 

Nous menons des réflexions avec différents acteurs de l’urbanisme et de la construction afin de faire émerger des solutions concrètes et innovantes en faveur de la biodiversité en ville, comprenant de nouveaux concepts d’écologie urbaine et de conception. 

 

« Nature en Ville » : les 10 propositions de la LPO

dernière mise à jour : 17 mai 2024

Documents à télécharger

Plaquette Nature en ville
Août 2021
PDF - 2 MB
Positionnement ZAN LPO
PDF - 3 MB