Jardiner avec la nature
Jardiner avec la nature
Pour faire de son jardin un éden sauvage
Le jardin nous apporte du bien-être : être au contact de la nature et en prendre soin permet de s’oxygéner et de ralentir le rythme d'un quotidien souvent bien chargé… Qu’il soit petit ou grand, votre jardin peut constituer un havre de paix pour la vie sauvage. Loin des jardins très ordonnés, composés de plantes horticoles et structurés de formes géométriques, le jardin sauvage se révèle être tout aussi beau pour qui sait contempler la nature.
Un jardin peut être sauvage et réfléchi ! Commencez par observer votre terrain, son potentiel, ses atouts : la nature du sol, la taille de votre terrain, le climat de votre région. Puis prenez en compte vos souhaits, envies, votre façon de vivre votre extérieur… Enfin, soyez prêts : un jardin sauvage, c'est arrêter d’essayer de tout contrôler et surtout accepter de se laisser surprendre !
Découvrez comment jardiner avec la nature et faire de votre Refuge LPO un endroit à la fois joli, vivant et accueillant pour la faune et la flore sauvages.
Préserver des zones d'herbes hautes et de fleurs sauvages
Cette pratique fait partie des techniques utilisées en gestion différenciée. Elle consiste sur les espaces verts urbains à ne pas faucher certaines zones au printemps pour laisser pousser la flore spontanée, les hautes herbes et les fleurs sauvages. Il peut s’agir de bandes enherbées, de massifs (îlots non fauchés ou fauchés une fois par an) ou bien même d’une prairie entière. L’idée étant de n’utiliser la tondeuse que pour créer des allées d’accès. Il est alors conseillé de régler la hauteur de coupe de la tondeuse à 8 cm. Ainsi, vous limiterez l’impact sur la microfaune (petits invertébrés) en passant la tondeuse, et la hauteur de l’herbe permet de maintenir une certaine humidité pour éviter l’assèchement rapide de la surface du sol. Les zones d’herbes hautes et de fleurs non fauchées ne sont pas « abandonnées » ou « laides ». Elles sont des associations végétales indigènes et diversifiées et forment des massifs de verdure. Ces massifs accueillent les papillons, les criquets, les sauterelles et les coléoptères qui y trouvent un refuge. Ces insectes attirent à leur tour les oiseaux. Pour donner à votre jardin l’aspect le plus naturel possible, privilégiez les formes arrondies (patatoïdes) plutôt que les parcelles délimitées à angles droits.
Voir le geste Refuge « Je laisse des zones naturelles d’herbes hautes et de fleurs sauvages ».
Planter des arbres indigènes et des haies champêtres
Les arbres indigènes, qu’ils soient vivants ou morts, et les haies champêtres sont les éléments incontournables du jardin sauvage. Les essences indigènes apportent les cachettes et les supports pour les nids ainsi qu’une abondante nourriture toute l’année. Il vous faudra privilégier les essences à fruits, baies et graines pour les oiseaux : sureau noir, érable champêtre, aubépine monogyne… Les mammifères (chauves-souris, loir gris) logent dans les cavités alors que les insectes xylophages se nourrissent du bois mort.
En fonction de la place dont vous disposez, un gros arbre situé au centre du terrain sera vraiment un atout pour la biodiversité. Imaginez que plus de 500 espèces d’animaux sont étroitement liées à un vieux chêne ! Si vous envisagez de planter un arbre sur un terrain vierge, choisissez plutôt un arbre indigène à feuilles caduques : érable plane, chêne (chêne vert dans le sud), hêtre ou châtaignier. Pour planter votre haie sauvage, il est préférable de choisir des jeunes plants de 1 à 2 ans (moins couteux) et à fort pouvoir de reprise.
Voir le geste « Je plante et préserve des variétés locales d’arbres et d’arbustes ».
Un jardin sauvage est un jardin fleuri ! Les massifs de fleurs indigènes
Pour les massifs, plutôt que choisir des mélanges de graines de fleurs « prêts à semer », bien souvent constitués de fleurs sélectionnées et peu diversifiées (cosmos, bleuet…), nous vous conseillons d’obtenir des graines de fleurs sauvages auprès d’une pépinière spécialisée en plantes indigènes.
Pour les oiseaux et les insectes, les espèces suivantes sont particulièrement indiquées : marguerite commune, lotier commun, verveine officinale, coquelicot, vipérine commune, chicorée sauvage, sauge de près, onagre bisannuelle, qui par ailleurs peuvent très bien pousser spontanément dans le massif. Il vous suffira de garder sur pied ces plantes au printemps et en été et les laisser grainer afin d’étoffer le massif l’année suivante. Parfois même, des orchidées sauvages apparaissent !
En complément des fleurs sauvages, quelques fleurs ornementales de jardin sont particulièrement attractives pour les oiseaux : la giroflée ravenelle, la monnaie du pape et l’aster d’automne : ces fleurs viendront apporter quelques touches de couleur dans le massif.
10 plantes incontournables dans un jardin sauvage
Marguerite commune | Leucanthemum vulgare | Attire les coléoptères et les abeilles sauvages |
Digitale pourpre | Digitalis purpurea | Attire les bourdons au moment de la floraison entre juin septembre. Attention cette plante est toxique pour l'Homme ! |
Thym | Thymus sp. | Source de nectar pour les abeilles. Excellent couvre-sol : attire les carabes et d'autres invertébrés. |
Lavande | Lavendula sp. | Attire abeilles et papillons. Les oiseaux peuvent prélever les graines. |
Chèvrefeuille | Lonicera sp. | Attire le sphinx morio ; les fauvettes et les grives apprécient les baies. |
Sorbier des oiseleurs | Sorbus aucuparia | Les baies attirent les grives et les merles l'automne. |
Sureau noir | Sambucus nigra | Les ombelles blanches de fleurs sont très nectarifères, les baies noires et juteuses nourrissent de nombreux oiseaux dont les fauvettes. |
Salicaire commune | Lythrum salicaria | Ses fleurs roses sont sources de nectar pour les papillons (sphinx) et les bourdons. |
Tournesol | Helianthus sp. | Apporte des graines riches en lipides aux oiseaux. |
Massifs fleuris pour papillons
Les papillons diurnes et nocturnes visitent les jardins fleuris du mois de mars au début de l’automne. Il est possible de confectionner un massif dédié aux papillons dans un endroit ouvert, ensoleillé et bien exposé au sud. La floraison devra idéalement s’étaler du début du printemps à l’automne. Les fleurs sauvages suivantes sont particulièrement attractives pour les lépidoptères : la cardamine des prés, les trèfles, la primevère officinale, la marguerite commune, les centaurées, les silènes (compagnon blanc), le lychnis fleur de coucou, les violettes, les chardons, la vipérine, la marjolaine, les menthes, l’onagre et les bruyères, alors que les lavandes et les saules seront les petits arbustes attractifs. Si vous disposez d’une simple terrasse ou d’une cour, des jardinières ou des bacs de plantes aromatiques feront l’affaire des butineurs.
Favoriser les grimpantes
Le long d’un vieux mur, dans la haie ou accrochées à une treille, les lianes grimpantes constituent des lieux touffus et sécurisés où les oiseaux peuvent dormir (troglodyte mignon, mésanges, moineaux) et parfois nicher (merle noir, pouillot véloce, troglodyte mignon). Il est conseillé de les maintenir en place et de seulement couper les parties hautes qui pourraient s’effondrer en devenant trop volumineuses comme le lierre commun notamment. Les autres grimpantes favorables au jardin sauvage sont la clématite des haies, les chèvrefeuilles, le houblon ou la bryone dioïque.
La mare naturelle
Un point d’eau est important en toute saison au jardin. L’eau de la mare inspire la vie, le repos et apporte une zone de fraîcheur. Aussi petite soit-elle, la mare permet à la faune de venir boire ou de se baigner. Veillez à ce que votre mare naturelle présente des pentes douces, avec un dispositif anti-noyade (rampe) disposée sur un bord afin d’éviter la noyade des animaux (insectes, hérisson). Les plantes riveraines apportent du caractère à la zone humide : les fleurs jaunes de l’iris des marais, les fleurs roses des salicaires communes, les joncs... Les plantes aquatiques (nénuphars, renoncules, potamots aux feuilles flottantes) participent à oxygéner l’eau tout en verdissant la mare. L’eau devenant un bien précieux, il est conseillé de récupérer l’eau de pluie avec une citerne et d’arroser le jardin à l’aide d’arrosoirs et éviter d’utiliser l’eau potable du réseau.
Réaliser un compost
Le compost est un élément incontournable du jardin sauvage et biologique. Il permet de recycler les déchets verts de la cuisine et du jardin. Le compost évite d’encombrer les déchetteries, limite la production de CO2 émise lors du transport des déchets verts, et assure la production d’un terreau de première qualité pour vos plantations de jardin. La dégradation des végétaux est réalisée par une multitude de petits organismes (vers, collemboles, bactéries…) qui transforment la matière végétale en éléments minéraux - Azote (N), Carbone (C) – en un terreau « mûr » utilisable par les plantes. C’est aussi sur le tas de compost que viendront s’alimenter quelques oiseaux des jardins comme le merle noir, la grive musicienne ou le rougegorge familier.
Voir le geste « Je transforme mes déchets organiques en compost »
Créer des gîtes et des cachettes pour la faune sauvage
Le jardin sauvage vise à apporter de nombreux petits milieux (biotopes) pour accueillir la faune et la flore sauvages. Quelques grosses bûches dans un coin, un tas de branches mortes, un tas de pierres fourniront des gîtes naturels aux amphibiens, reptiles et insectes. Certaines structures plus élaborées comme une spirale d’aromatiques peuvent également embellir le jardin. Sur un terrain sauvage où les plantes, les arbres et les petits milieux abondent, les gîtes et les nichoirs sont bien moins nécessaires car la petite faune trouve suffisamment de cachettes et de supports "naturels".
Le jardin sauvage n’est ni abandonné, ni négligé. C’est un jardin VIVANT ! Les zones de friches, les massifs d’herbes hautes, les fleurs sauvages, les arbres sont des fouillis organisés qui forment un écosystème dans lequel évoluent de nombreux animaux, des beautés de la nature que nous devons respecter.