Le début du suivi de la migration a été marqué par des conditions météorologiques particulièrement défavorables et influençant fortement le nombre d’observations. Ainsi, la fin juillet et début août se sont révélés riches en jours de brouillard, ne permettant pas aux milans noirs de passer en grand nombre par la Haute Soule pour effectuer leur migration automnale. À noter que le passage de cette espèce s’est décalé plus à l’Est dans la chaîne pyrénéenne. Ainsi, seulement 25 182 milans noirs ont été dénombrés cette année, avec une journée pic le 31/07 où 4 636 individus.
Le passage des bondrées apivores tant attendu par les observateurs dans la deuxième décade d’août s’est révélé lui aussi amoindri par les conditions météorologiques, avec une alternance de jours de vent de sud et de brouillard, rendant les observations compliquées et décalant le flux migratoire vers l’ouest. Le nombre important d’observateurs présents le 23 août n’aura rien changé et ce sont seulement 2 453 bondrées qui auront pu être comptabilisées lors du pic de passage, pour un total saisonnier de 13 395 individus. Les observateurs auront tout de même pu profiter de la diversité incroyable des plumages de cette espèce et détailler les classes d’âge et le sexe des individus suite à des formations proposées lors des phases creuses du suivi. L'année 2023 sera tout de même une belle saison pour le passage des busards cendrés, 101 au total, qui passant souvent tôt le matin auront bien souvent réveillé les yeux des participants.
Septembre, le mois de la diversité
Septembre a tenu quant à lui toutes ses promesses ; une période où les chiffres sont à la baisse, mais où le nombre d’espèces augmente considérablement. Les aigles bottés (224 ind.), circaètes Jean-le-Blanc (335 ind.) et balbuzard pêcheurs (254 ind.) ont régalé les observateurs de par la proximité de leurs passages. Suivis bien souvent par de nombreux busards des roseaux et éperviers d’Europe, qui auront émerveillé les observateurs. Star incontestée de ce mois de septembre, les cigognes noires nous ont gratifiées d’un passage régulier, souvent juste « overhead » (littéralement en anglais « au-dessus de la tête »), permettant parfois la lecture de bague (notamment sur photos), et ainsi de connaître leurs origines. Ce sont au total 966 cigognes noires qui passeront par le col, avec un pic de passage tardif le 5 octobre où 142 individus ont traversé la sphère !
Octobre : l’arrivé en grand nombre des milans royaux !
Tout comme pour les milans noirs, le passage des milans royaux aura été perturbé par des conditions météorologiques particulièrement défavorables à leur dénombrement. Ainsi, les jours où le vent de sud n’a pas soufflé sur la Haute Soule, 5 153 milans royaux ont pu être comptés, passant souvent très proches à droite du site de comptage, permettant aux plus avertis des observateurs de détailler l’âge des individus et aux plus néophytes d’apprendre à le faire. C’est aussi ça la magie d’Organbidexka : la pédagogie sur le terrain !
Novembre : la neige, les grues et une avalanche de passereaux !
Les grues cendrées se seront fait attendre cette année, les premières étant observées le 16 octobre avec un joli vol de 70 individus. Le vent de sud-ouest à l’échelle de la France et globalement de l’Europe de l’Ouest aura retardé l’avancée des grands vols en V de grues et n’aura pas produit le « rush » que certains attendaient avec impatience. Des petits groupes ont pu être notés néanmoins de manière régulière, amenant le total saisonnier à 2 468 individus, donnant une chance aux observateurs de voir passer quelques vols en formation devant le pic d’Annie blanchi par les premiers frimas de l’hiver.
Organbidexka n’étant pas un site favorable à la concentration des flux de passereaux. Il est parfois frustrant de voir des dizaines de milliers pinsons des arbres passer hors de portée des observateurs. Pourtant cette année, de nombreuses nouvelles espèces de passereaux auront été détectées avec quelques petites raretés ! À noter d’importants flux de tarins des Aulnes, un passage conséquent de becs croisés des sapins tous deux notés à l’échelle nationale. Les pigeons n’auront quant à eux pas passé les Pyrénées avant la fin du comptage. On notera tout de même de jolis vols de pigeons colombins pour un total saisonnier de 1 757 individus ainsi que 955 pigeons ramiers et 606 pigeon sp.
Du coté des raretés, ce fût une saison incroyable, et du jamais vu depuis bien longtemps, avec pas moins de 6 premières mentions pour le site. Ainsi, ont pu être observés pour la première fois 13 ibis falcinelles le 20/09, 1 Sterne pierregarin le 20/10, 3 bruants des neiges les 22/10, 7 et 8/11, 1 Rémiz penduline le 23/10 (en migration rampante), 1 Grive dorée le 24/10 et 1 Alouette haussecol le 01/11 ! Certaines espèces étant communes en France comme les sternes Pierregarins n’empruntent pas ce couloir migratoire habituellement, tandis que d’autres sont très rares en France comme la Grive dorée qui hiverne habituellement dans le sud de l’Asie… Toutes ces nouvelles mentions portent à 177 le nombre d’espèces observées sur le col d’Organbidexka depuis 1981.
À la Maison de l'ornithologie, plus de 1 500 personnes ont pu être sensibilisées au phénomène migratoire. Des sorties nature inédites en partenariat avec les Chalets d'Iraty ont également pu toucher un nouveau public.
Nous remercions chaleureusement les 239 bénévoles qui sont venus participer au suivi de la migration et qui ont investis de nombreuses heures à chercher, identifier et suivre les oiseaux de passage et sensibiliser le public venu contempler le paysage et tous les voyageurs ailés de passage. Nous remercions l’ensemble des participants au suivi d’avoir colporté jusqu’à nous leur bonne humeur, l’amour des oiseaux et bien souvent de délicieuses recettes de cuisine sorties de derrière les fourneaux ! Merci à tous et à la prochaine sur le Col d’Organbideka !