Consultation publique : votre voix peut faire la différence, ne laissons pas cette prolongation être validée sans opposition !
La France fait partie des derniers pays européens à persécuter les blaireaux et à autoriser leur déterrage en pleine période d’élevage des jeunes. Ces dernières années, sous la pression des associations naturalistes et face aux succès de plusieurs recours administratifs, la pratique tend à diminuer : en 2024, moins de la moitié des départements français ont autorisé une période complémentaire de chasse au déterrage (soit 44).
Hélas, la Saône-et-Loire fait partie de ces derniers départements et renouvelle chaque année une autorisation de période complémentaire de chasse courant jusqu'au mois de septembre. Et ce, malgré des avis défavorables majoritaires lors des consultations publiques, une sanction judiciaire en 2022 et un recours administratif en cours... La LPO restera mobilisée pour délivrer la faune de ces pratiques et compte sur vous pour ne pas baisser les bras et agir encore cette année ! Donnons notre avis, partageons, médiatisons et fédérons autour de ce combat !
IMPORTANT : Pour que votre avis soit comptabilisé, nous vous invitons à l’exprimer individuellement en vous inspirant des arguments en bas de page, sans toutefois les recopier à l’identique. Pour participer, vous devez utiliser votre compte FranceConnect ou en créer un. Pas de risque de piratage, site de l'Etat, très sécurisé.
Attention, le principe de l’exercice de la vénerie sous terre n’entre pas dans le cadre de la présente consultation, les avis mettant en avant uniquement cet argument ne seront pas comptabilisés !
Arguments qui font que la LPO BFC s'oppose totalement à ce projet d'arrêté
- NON CONFORME AU CODE DE L'ENVIRONNEMENT : sur les 20 dernières années, le prélèvement moyen annuel déclaré par les équipages de vénerie sous terre en Saône-et-Loire est de 627 animaux dont 65 % d’adultes et 35 % de jeunes. En 2024, ce sont 33 jeunes qui ont ainsi été tués en période complémentaire. La vénerie sous terre, méthode non sélective et violente, tue sans distinction les individus, adultes comme jeunes. Or, l’article L. 424-10 du Code de l’Environnement indique qu’« Il est interdit de détruire, d’enlever, de vendre, d’acheter et de transporter les portées ou petits de tous mammifères dont la chasse est autorisée. ».
- DES BLAIREAUTINS NON EMANCIPÉS AU 15 JUIN : une étude, menée de 2003 à 2021 en France(2), démontre que les petits du blaireau naissent entre janvier et avril et sont sevrés à l’âge de 4 mois (avril à juillet). Sevrés oui, mais loin d’être émancipés au 15 juin ! En effet, plusieurs mois après le sevrage, le blaireautin est dépendant de sa mère aussi bien au niveau alimentaire qu’au niveau comportemental et hiérarchique. Le blaireautin est ainsi considéré comme émancipé et indépendant qu’à partir de l’âge de 6 à 8 mois minimum (entre août et novembre selon la période de naissance). Tuer la mère d’un blaireautin, c’est donc le condamner à court terme.
- INJUSTIFIÉ : Un projet d'arrêté sur demande de la Fédération départementale des chasseurs du 71 pour limiter les dégâts causés par l'espèce ? Le blaireau est une espèce "gibier" qui ne fait pas partie de la liste des espèces susceptibles d'occasionner des dégâts. Aucun document sérieux ne vient étayer les affirmations des fédérations de chasse ou de l'administration sur les hypothétiques dégâts recensés par leurs soins. Leur déclaration présente ainsi le nombre dérisoire de 61 dégâts dont 21 chez des particuliers sur la période 2023-2024. On tue donc près de 200 blaireaux en moyenne par an en période complémentaire pour quelques dégâts non dimensionnés et vérifiés sur l'échelle du département ? Inadmissible !
- AUCUNE ÉCOUTE DES CITOYENS MAJORITAIREMENT OPPOSÉS AU PROJET : en 2024, 1352 à exprimer votre avis sur la consultation publique, dont 1136 voix contre ce nouveau massacre, soit 84 % des avis ! Merci pour cette mobilisation exceptionnelle. Elle s’explique principalement par le fait que chacun est dorénavant conscient de l’intérêt d’avoir une terre riche de vie dans sa diversité. Et que nos sociétés actuelles n’acceptent plus de voir traiter les animaux sauvages d’une façon aussi barbare. Cependant, l’avis majoritaire n’a pas été retenu par le préfet qui a pris un arrêté autorisant une nouvelle « saison » estivale de déterrage des blaireaux.
- UN ENTÊTEMENT MALGRÉ UNE SANCTION JURIDIQUE ET UN RECOURS ADMINISTRATIF EN COURS : La Préfecture de Saône-et-Loire déjà sanctionnée par la Justice en 2022 pour un arrêté similaire : en 2022, suite à un recours de la LPO et d’autres associations naturalistes, le Tribunal administratif de Dijon a sanctionné et annulé l’arrêté de prolongation de la période de chasse au blaireau en dénonçant l’illégalité de cette décision, et en précisant qu’aucune raison objective n’avait été donnée pour justifier de tuer des blaireaux.
En dépit de ces éléments de droit et de cette sanction, le Préfet de Saône-et-Loire a lancé une nouvelle consultation publique en 2024. AVES, One Voice, l’ASPAS, l’AOMSL et la LPO ont décidé de ne pas en rester là et ont déposé un recours au Tribunal administratif pour annuler cet arrêté 2024. Hélas les délais de ces procédures sont longs et les résultats de ce recours risquent de ne pas tomber avant le début de l'été.
Le témoignage de Virginie Boyaval, éthologue spécialiste du blaireau :
« Le blaireau est une espèce très sociable : il vit en groupes inter familiaux. Par conséquent, l’apprentissage des codes comportementaux est essentiel à sa survie. Le blaireautin est indépendant à partir de 6 mois. Avant cet âge, il est incapable de se débrouiller seul. Tuer la mère d’un blaireautin, c’est donc le condamner à court terme.
Cette espèce a une dynamique de population très lente qui se traduit par une faible natalité (30 % seulement des femelles ont une portée de 2 à 3 petits) et un fort taux de mortalité juvénile (50 % des blaireautins n’atteignent pas 1 an). Enfin, ils sont très sensibles à la perte de leur habitat naturel et aux dérangements. »
Interview réalisée pour le journal local Info-Chalon
(1)La vénerie sous terre est une pratique qui consiste à poursuivre, par des chiens introduits dans les terriers, les blai-reaux qui subissent alors des heures de terreur extrême tandis que les chasseurs creusent jusqu’à les atteindre avant de les extirper à l’aide d’une pince de métal puis de les achever au fusil ou au couteau.
(2) BOYAVAL V. 2010, mise à jour en 2021. Contribution à l’étude de la reproduction des blaireaux eurasiens (Meles meles) et de la période de dépendance des blaireautins en France, 12 pages.