Grand consommateur de serpents, le Circaète Jean-le-Blanc est désormais une espèce rare, victime de la dégradation de ses habitats naturels.
Cet aigle au plumage clair ne bénéficie pas comme d’autres rapaces d’un plan national d’actions en France. Les suivis et actions de conservation sont uniquement mis en œuvre par des passionnés, réunis autour du réseau Circaète coordonné par la LPO.
A peine quelques centaines couples de ce grand migrateur se reproduisent chaque année dans le sud de la France entre mars et octobre, avant d’hiverner en Afrique. Comme les faucons crécerelles, ces adeptes du vol stationnaire sont des cibles faciles pour les fous de la gâchette. En dépit de leur statut d'espèce protégée, les rapaces continuent d'être régulièrement abattus par arme à feu, en particulier pendant la saison d'ouverture de la chasse... La LPO ne cesse de dénoncer l’irresponsabilité des auteurs de ces tirs et l’impuissance des pouvoirs publics.
En mai 2021, une femelle circaète retrouvée blessée dans les gorges de la Truyère (Cantal) est ainsi apportée au centre de soins de la LPO Auvergne. Le diagnostic fait état de dénutrition et d’hypothermie sévères et la radiographie détecte 5 plombs de chasse dans son corps. Alimentée avec de la nourriture mixée et réhydratée en sous-cutanée pour lui faire reprendre du poids, elle commence à manger seule 10 jours après son arrivée au centre de soins. Gardée en volière tout au long de l’hiver, elle a pu être relâchée le 21 mars 2022 sur le plateau de Gergovie (Puy de Dôme).
En Septembre 2021, une autre femelle retrouvée à Mollégès (Bouches-du-Rhones) est transportée en urgence jusqu’au centre de sauvegarde de la LPO PACA. Également touchée par des plombs de chasse, l’oiseau très affaibli souffre d’une fracture de l’aile. Après plusieurs semaines en soins intensifs et 6 mois de rééducation, la circaète a retrouvé la liberté le 17 mars 2022.
Suivies à la trace
Équipées de balises GPS miniaturisées, nos deux patientes se portent bien. L’une est retournée là où elle avait été trouvée blessée et semble avoir pondu ! L’autre erre dans les gorges de la Sioule, au sud de l’Allier.
Le suivi GPS s’intègre dans un projet de thèse encadré par l’Institut Méditerranéen de la Biodiversité et d’Écologie marine et continentale, qui vise à étudier la réponse comportementale des grands rapaces à l’installation de parcs éoliens sur leur territoire. Les éoliennes produisent une énergie renouvelable dite “verte” mais leurs impacts sur la faune sauvage restent encore à évaluer. Le projet intègre plusieurs sites en France et aux Pays-Bas, ainsi que des données récoltées sur d’autres études réalisées en Europe de l’Ouest.
En 2021, les 7 centres de soins LPO ont accueillis 20566 animaux toutes espèces confondues (oiseaux, mammifères, reptiles et amphibiens). Les rapaces représentent 12% des accueils dont près de 60% de rapaces diurnes. En 2021, un total de 12 Circaètes Jean-le-Blanc a été soigné dans les centres LPO où 3 individus ont été admis depuis le début de l'année 2022.
Depuis 2017, la société Aigle soutient la LPO pour la protection des 7 espèces d’aigles (Aigle royal, Aigle botté, Aigle de Bonelli, Aigle pomarin, Circaète Jean-le-Blanc, Balbuzard pêcheur, Pygargue à queue blanche) présents sur le territoire français et participe notamment à leur prise en charge dans nos centres de soins.